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Tulipes colorées

MON LIVRE : RACHEL ET FREDERIK

TULIPES MANIA

Au début du XVIIe siècle, les hollandais, ayant assuré leur survie et même atteint un niveau de confort suffisant, purent donner libre à un engouement extraordinaire pour l’horticulture et le jardinage. Jusqu’en 1550, les jardiniers néerlandais cultivent des roses, des lys, des iris, des pivoines, des ancolies, des giroflées et des Å“illets. Le phénomène s’accélère, avec plus d’une centaine d'espèces nouvelles entre 1600 et 1615, notamment l’anémone, le muflier, la jacinthe, le jasmin, le lilas et surtout la tulipe.

Venue de Constantinople, celle-ci fait son chemin à travers l’Europe. On date généralement le début de sa culture dans les Provinces-Unies aux environs de 1593, à la suite de la création de l’hortus academicus de l’université de Leyde par le botaniste flamand Charles de l'Écluse qui vient d’y être nommé professeur. Il fait planter dans ce jardin botanique une série de bulbes de tulipes importés de Turquie. Ils sont suffisamment résistants pour survivre aux rigueurs du climat néerlandais. L'engouement devient tel que des voleurs s’introduisent dans le Jardin botanique de Leyde pour dérober des bulbes !

Des bourgeois fortunés les plantent dans leur jardins, se passionnent pour la création d’hybrides et de nouvelles variétés. La fleur devient un article de luxe convoité et un signe de richesse.

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Cet engouement se retrouve bien-entendu dans la peinture néerlandaise et flamande de l’époque.

Ces bulbes rares et précieux produisent en effet, des fleurs aux pétales marbrés de couleurs vives, dues, on le sait aujourd’hui, à la présence d’une sorte de virus de la mosaïque de la tulipe. (Malheureusement le virus affaiblit le bulbe et empêche une bonne reproduction. Au fil des générations, le bulbe s'affaiblit de plus en plus, jusqu'à ce qu'il ne permette plus la floraison et qu'il se flétrisse, ce qui peut entraîner l'extinction d'une lignée génétique).

Les Néerlandais, qui sont à l’origine d’un grand nombre d’instruments de la finance moderne, créent un marché sur lequel le bulbe de tulipe rare se négocie à pris d'or : les horticulteurs sont prêts à payer des prix élevés pour des bulbes atteints par le fameux virus !

En février 1637, une variété atteint le prix record de 6 700 florins. Le prix d’un seul oignon peut atteindre en quinze fois le salaire annuel d’un artisan. 
Cette bulle spéculative est appelée «commerce du vent ». L’Église protestante la condamne fermement  en 1636, autant pour prévenir une crise économique que par souci éthique, les industries somptuaires étant découragées dans la société calviniste. La tulipomanie apparaît à la fois comme une menace économique et une folie qui doit nécessairement aboutir à la catastrophe. La bulle Ã©clate février 1637 avec l'effondrement brutal des cours. 

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On ne s’étonnera donc pas de la place qu’occupe la tulipe dans les natures mortes hollandaises et flamandes du début du XVIIe siècle, évoquant nécessairement la chute des entreprises humaines quand elles sont basées sur l'orgueil et la vanité.

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Ce tour d'horizon étant terminé, revenons à Rachel et Frédérik. Au fil du temps s'était donc constitué, dans les Provinces Unies, une vaste classe moyenne, dont les salaires étaient les plus élevés d'Europe. Beaucoup d'argent pouvait donc être consacré au bien-être matériel. Ils affichaient leur prospérité, leur réussite, par l'aménagement de confortables maisons, décorées de riches tapisseries et de magnifiques tableaux. Ils accordaient aussi, naturellement, beaucoup d'importance et au bien-être physique. Recherchaient de meilleurs soins : c'est l'époque où les chirurgiens se séparent définitivement des barbiers et des dentistes. L’obstétrique et l’ophtalmologie deviennent également des spécialités majeures et indépendantes !

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Rachel, peintre, et son père professeur d'anatomie et de biologie ont donc parfaitement leur place dans un tel monde.

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Nous pouvons donc, maintenant, faire plus ample connaissance avec Rachel que nous allons retrouver le jour de son quinzième anniversaire... 

TULIPE MANIA: Bienvenue
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