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plumes roses

MON LIVRE :
RACHEL ET FREDERIK

JURIAEN

AMSTERDAM, 13 Mai 1688

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"L’homme quittera père et mère
pour se lier à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un,
si bien qu’ils ne seront plus deux, mais un seul être." Marc 10.7-9


Anna, ma sÅ“ur, mon amie, va nous quitter pour épouser Isaak Hellenbroek. Egoïstement, ça  ne m'enchante pas mais bon, je suis  heureuse qu'elle ait trouvé un si bon parti. Il est un peu plus âgé qu'elle, travailleur, honnête, il la traite comme une reine et il gagne bien sa vie... que demander de plus ?! Comment l'a t'elle rencontré ? C'est à lui que nous achetions nos pigments : il est marchand de couleurs ! 


Quant à moi, toujours le nez sur mes peintures, je mène une vie si tranquille et bien rangée que je ne rencontre pas grand monde. J'ai bien eu l'occasion de croiser quelques spécimens de la gent masculine mais ils m'ont plutôt donné envie de partir en courant. Entre les séducteurs, les beaux parleur, les menteurs, les fainéants, les négligés, ceux qui sont trop portés sur la boisson et ceux qui pourraient être violents.... c'est à désespérer de trouver la perle rare... Je n'attends pas de trouver un homme parfait mais je préfèreras rester seule plutôt que de passer ma vie à supporter de tels travers et il ne faut pas imaginer qu'ils changeront par amour ! Alors Isaak, mon futur beau frère, pour forcer un peu le destin sans doute, a tenu à me présenter un de ses amis, un peintre, fort habile portraitiste, Juriaen Pool. Il me porte beaucoup d'intérêt et je dois dire qu'il me plait beaucoup. Il est un peu plus jeune que moi mais il est plein de bon sens, d'optimisme et d'humour. Il lui en a sûrement fallu beaucoup : il a perdu ses parents très jeune et a grandi dans un orphelinat. Son père était orfèvre et c'est la Guilde de cette profession qui a pris en charge ses études. Il comprend et approuve mes aspirations. Il admire mon travail et m'encourage et, si nous fondons une famille, il n'exigera pas que je cesse de peindre. Avec lui, je peux échanger, discuter. Nous avons tant de points communs et s'il arrive que nos avis divergent il ne cherche pas à m'imposer sa façon de penser. Il s'intéresse à la peinture, bien sûr, mais aussi à la science, à la botanique. Je suis heureuse de constater, en plus, que nous partageons la même foi. C'est très important pour moi.  L’harmonie entre les deux époux, par laquelle passe le bonheur du couple, est bien difficile à atteindre quand les fondements ne sont pas les mêmes. Donc je crois que nous allons dans la bonne direction !!

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Calvin a beau penser que la danse c'est la perdition de l'âme. Mais tout dépend dans quel esprit on danse. La Bible est pleine de danses  et il y a même une forme de sagesse à en tirer. Je m'explique : fonder un couple c'est un peu comme  danser  : celui qui guide ne doit pas le faire de façon autoritaire : il doit rester à l'écoute de sa partenaire, pour la laisser s'exprimer , la mettre en valeur et ne pas lui marcher sur les pieds... Le contact est important pour coordonner les mouvements, c'est un dialogue, mais il ne faut pas s'appuyer exagérément sous peine de déséquilibrer l'autre. Autant de règles qu'il serait sage de mettre en pratique dans le mariage pour qu'il soit aussi harmonieux et joyeux qu'une Gavotte !

JURIAEN POOL mai 1688: À propos
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