AMSTERDAM, 1716

​

Juriaen vient de terminer le portrait de famille qu'il destinait à l'électeur palatin Johann Willem et son épouse Anne Louise. J'y suis représentée au premier plan, en pleine lumière, alors qu'il est derrière moi, dans l'ombre, une main, possessive ? sur mon épaule, et un regard un peu défiant qui en dit long....  mais plus de jalousie à avoir : nous sommes sous le choc : nous venons d'apprendre le décès de Johann Willem, il avait 58 ans !

Nous sommes très affectés, nous perdons là non seulement notre meilleur client, notre bienfaiteur mais aussi et surtout un véritable ami... 

Son épouse, Anne Louise souhaite, à présent, quitter Düsseldorf pour retourner en Italie vivre près de son père Cosme III. Nous ne la reverrons probablement plus.

​

Une nouvelle page se tourne pour nous tous ! Sans vouloir être nostalgique force est de constater que vivre c'est peut être apprendre à mourir. Apprendre à perdre progressivement tout ce à quoi on tient le plus... renoncer à ce qu'on a de plus cher... Jeunesse, santé, êtres chers amis, enfants, parents, richesses... Inutile de s'accrocher au passé, il n'est plus, ou au futur, incertain... Apprendre à "passer de l'autre côté" sans rien emporter, aussi nus et dépouillés qu'au jour de notre naissance... Sans en avoir peur aussi, il faut juste l'accepter et rester en confiance. 

​

« Ne crains rien, car je suis avec toi ; ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu. Je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite triomphante. Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui te fortifie, qui te dit : ‘Ne crains rien, je viens à ton secours ; ne crains rien, vermisseau de Jacob ; je viens à ton secours, dit l’Eternel, et le Saint d’Israël est ton Sauveur » (Es 41v10, 13-14).

​

Confiance donc....

​

​